En 1978, quatre femmes libanaises ont été enlevées de Beyrouth par des agents nord-coréens se faisant passer pour des recruteurs pour des postes de secrétaire dans une des meilleures entreprises japonaises.
Selon Japan Times, une des victimes (qui n’a pas été nommée) a parlé avec le média basé à Tokyo et a déclaré que « elle et trois autres libanaises ont été trompées par des agents nord-coréens et ont été transportées à Pyongyang en août 1978 ».
Sur vingt femmes, quatre ont été choisies pour le poste, et cela, en se basant sur les critères suivants : elles étaient toutes séduisantes, célibataires et parlaient couramment l’arabe et le français.
Mais l’avion qui était supposé atterrir au Japon, s’est arrêté à Pyongyang où elles seront formées à leur emploi et apprendront à connaître le régime et l’idéologie de la Corée du Nord.
L’évasion
Mais la Corée du Nord ne s’attendait pas à ce que les parents des femmes libanaises enquêtent sur leur disparition.
Quelques mois plus tard, en juin 1979, quand les médias libanais ont commencé à couvrir l’affaire, deux des jeunes femmes ont été transportées à Belgrade pour contacter leur famille et les rassurer.
Elles ont été transportées à Belgrade, car, dans le temps, un appel vers le Liban nécessitait l’assistance d’un opérateur. Pour passer un appel direct, ils ont donc dû se rendre en Yougoslavie, où les deux femmes ont pu s’enfuir et demander de l’aide à l’ambassade du Koweït.
Le gouvernement libanais est ensuite intervenu pour forcer la Corée du Nord à organiser le retour des deux autres femmes. Les femmes ont été libérées et sont rentrées au Liban en décembre de la même année.
Siham Shraiteh

Une des quatre femmes à rentrer est Siham Shraiteh. Apparemment, elle est tombée amoureuse d’un déserteur américain, Jerry Wayne Parrish, et est tombée enceinte de lui. Après son retour au Liban, elle est retournée en Corée du Nord pour accoucher de son enfant.
La mère de Shraiteh lui a rendu visite à Pyongyang en 1990 et a raconté que sa fille était mariée et avait eu 3 fils.

Selon Sukuukai, une source japonaise qui rassemble des informations sur des enlèvements organisés par la Corée du Nord, Shraiteh vie toujours en Corée du Nord.
Cependant, il existe des informations contradictoires.
Shraiteh est apparue dans le documentaire de BBC Four intitulé « North Korea: Crossing the Line » et a nié avoir été enlevée. Elle affirme qu’elle s’y était rendue en tant que touriste et qu’elle n’a pas été retenue contre son gré.

Selon le documentaire, la famille de Shraiteh l’aurait renié pour sa grossesse, et elle aurait décidé de retrouver son amant.
BBC Four a également ajouté que son mari, Parrish, est décédé en 1998 suite à une maladie rénale.
Plus d’enlèvement
Les quatre femmes libanaises n’ont pas été les seules victimes des crimes de la Corée du Nord. En 1978, la Corée du Nord a enlevé des femmes thaïlandaises, chinoises, malaisiennes et singaporeannes.
Des Sud-Coréennes, des Japonaises, des Françaises, des Italiennes, des Néerlandaises, des Jordaniennes et des Roumaines auraient également été enlevées.
Selon le documentaire de BBC Four, certaines femmes auraient été offertes comme épouses aux déserteurs américains venus en Corée du Nord, et cela, pour qu’il n’épouse pas des femmes cornéennes.
Selon Sukuukai, un ancien espion Nord-coréen, Ahn Myung-ji, a déclaré que ces enlèvements ont commencé dans les années 60 « mais ils ont causé de sérieux problèmes durant les années 70 ».
« En 1976, des instructions ont été données. Les officiers doivent recevoir une formation leur permettant de se faire passer pour des locaux lors d’une infiltration. L’objectif était d’amener des étrangers en Corée du Nord pour les endoctriner. Les Japonais étaient la première cible, suivis par les Sud-Coréens, les Arabes, les Chinois et les Européens », a-t-il déclaré.
Selon Japan Times, « Certaines sources pensent que Pyongyang avait l’intention de former ces femmes libanaises d’apparence européenne et qui parle le français pour en faire des agents qui travailleraient dans un troisième pays en se faisant passer pour des Françaises ».
Selon le New York Post, « dans le cadre d’un programme gouvernemental, la Corée du Nord, a enlevé des milliers de jeunes et les a hébergés pendant des décennies dans une zone barbelée connue sous le nom de « Invitation-Only Zone » ».
Le New York Post continu : « là-bas, les personnes enlevées subissaient un lavage de cerveau pour être par la suite déployées dans leur pays d’origine en tant qu’espions. Ils pouvaient aussi travailler en groupe pour déstabiliser leur pays ».