L’une des plus longues crises de détournement d’avion de l’histoire s’est déroulée durant la guerre civile libanaise. C’était aussi l’une des plus intrigantes, impliquant des sérénades et un gâteau d’anniversaire, en plus de toutes les menaces et les coups.
Le 14 juin 1985, la star internationale grecque Demis Roussos, aujourd’hui décédée, est montée à bord du vol TWA 847, d’Athènes à Rome.
Peu après le décollage de leur avion, Roussos, 144 autres passagers et 8 membres d’équipage se sont retrouvés piégés dans une situation terrifiante alors que l’avion faisait un détour inattendu vers l’une des pires destinations possibles à l’époque : Beyrouth, déchirée par la guerre.
Les deux pirates de l’air libanais, affiliés au Hezbollah, ont réquisitionné l’avion tout en menaçant son pilote avec des armes et l’ont fait atterrir à l’aéroport de Beyrouth, où il est resté, pendant les quelques semaines suivantes.
19 otages ont été libérés après l’atterrissage de l’avion à Beyrouth, en échange de carburant, et l’un d’entre eux, Robert Stethem, un plongeur de la marine américaine, a été tué plus tard et jeté sur le tarmac de l’aéroport.
C’est à ce moment-là que l’avion a été détourné de nouveau par une douzaine de militants du Mouvement Amal.
Les autres dizaines d’otages, dont Demis Roussos, sont restés en captivité alors que les pirates de l’air demandaient la libération de plus de 700 détenus des prisons israéliennes.
Pour Roussos et plusieurs autres otages, la situation prendrait fin en quelques jours.
Le 19 juin, Amal a libéré le chanteur grec ainsi que deux Américains suite à une conférence de presse dirigée par son chef, Nabih Berri ; autrefois ministre de la Justice et aujourd’hui président du Parlement ; qui a joué le rôle de médiateur avec les pirates de l’air dans le but de libérer les otages.
Leur liberté vient après la libération d’un Libanais nommé Ali Atwa par les autorités grecques.
Selon ses aveux, Atwa avait prévu de participer au détournement, mais il a été arrêté en Grèce avant d’embarquer sur le vol TWA, que les journalistes ont surnommé “Travel with Amal” (Voyage avec Amal) tout au long de l’incident.
Mais la partie la plus intéressante de l’histoire de Roussos a été révélée par ses remarques sur ses captifs, qu’il a décrits à la presse comme des “gens sympas”.
“Ces gens ont été très polis, très gentils avec moi”, a-t-il déclaré depuis son siège à côté de Berri pendant la conférence. “Nous avons été plutôt bien traités”, a-t-il ajouté.
Élaborant sur ce point, Roussos, qui célébrait son 39e anniversaire le 15 juin (son 2e jour de captivité), a même déclaré : “Ils m’ont donné un gâteau d’anniversaire et ils m’ont donné une guitare, pour chanter”.
Le 30 juin, les derniers 39 otages ont tous été libérés. Leur liberté a précédé la libération de centaines de prisonniers libanais par Israël.
Quant à Demis Roussos, décédé en 2015, il a rarement évoqué l’incident traumatisant tout au long de sa vie qu’il a menée en répandant l’amour et la paix dans le monde entier grâce à sa puissante musique.