En octobre 1973, beaucoup de pays de la région menaient une guerre contre Israël. Cette guerre est désormais connue comme la guerre du Ramadan ou la guerre d’octobre. Alors que la guerre battait de son plein, une banque avait été pris d’assaut par une guérilla.
Le jeudi 18 octobre 1973, à 11h45, un groupe de cinq militants ont lancé une grenade et tiré le feu avant de prendre d’assaut une agence de la Bank of America, dans un bâtiment qui abrite plusieurs banques libanaises et étrangères à Beyrouth.
Après s’être retranchés à l’intérieur de la banque, les militants avaient affronté des soldats et des policiers libanais qui s’étaient déployés dans un bureau de poste situé de l’autre côté de la rue, au cœur du quartier financier animé de Beyrouth.
L’armée libanaise et les forces de sécurité ont alors encerclé le bâtiment et mis en place un cordon de police dans le quartier de Riad El-Solh.
La fusillade a duré deux heures et a fait plusieurs victimes, dont un policier et quelques otages parmi des dizaines qui étaient enfermés à l’intérieur à cause du groupe armé.
L’un des guérilleros avait été capturé au début du raid. Il s’agissait d’un ressortissant libanais nommé Amir Farroukh, âgé de 24 ans.
Le directeur européen de la banque avait réussi à s’échapper durant la fusillade.
Malgré leurs revendications, les militants étaient tous de nationalité libanaise et s’identifiaient comme étant membres du “Mouvement révolutionnaire socialiste libanais”.
À travers une lettre qu’ils avaient jetée par l’une des fenêtres de la banque, ils leur ont donné jusqu’à 18h du même jour pour satisfaire leurs trois exigences, tout en menaçant de tuer les otages. Cependant, plus le temps passait, plus le délai changeait.
Ils exigeaient :
- La libération de tous les guérilleros emprisonnés au Liban.
- 10 millions de dollars conservés dans la banque ou dans une autre, et cela, “pour soutenir le mouvement de la guérilla et les efforts arabes durant la guerre contre Israël”.
- Un avion pour voyager en Algérie ou au Yémen du Sud.
Une deuxième lettre qu’ils ont jetée par la suite lisait : “Nous avons placé suffisamment d’explosifs dans la banque pour la faire sauter complètement, tuer tous les otages ainsi que nous-même. Nous déclencherons les explosifs à 18 heures, heure locale, si nos exigences ne sont pas satisfaites”.
Par l’intermédiaire de deux médiateurs – l’ambassadeur algérien Mohammed Yazid et un chef de guérilla palestinien – les militants avaient transmis aux autorités libanaises que l’opération n’était “pas un braquage de banque”.
Au contraire, il s’agissait plutôt d’une opération “contre les intérêts américains”, à savoir le financement présumé que certaines banques américaines avaient fourni à Israël durant la guerre contre les nations arabes, et tout cela dans le but d’obtenir la libération de “nos camarades dans les prisons libanaises”.
Selon les médias palestiniens, l’Organisation de libération de la Palestine avait offert au gouvernement libanais “toute l’aide nécessaire pour faire face à la situation”.
En fin d’après-midi, il a été signalé que les forces de sécurité avaient joint certains des otages par téléphone et leur avaient demandé de se rendre dans une salle à l’arrière sans éveiller l’attention.
Selon les rapports, les otages avaient enlevé leurs chaussures pour éviter de faire du bruit, et avec l’aide de six policiers, avaient finalement réussi à atteindre un bâtiment mitoyen à travers un balcon. Entre 20 et 25 otages (dans d’autre rapport, 40 et 60) sont restés dans la banque.
Les heures s’étaient écoulées et la journée avait pris fin sans solution, et les otages et leurs ravisseurs ont dû passer la nuit à l’intérieur de la banque.
Finalement, le groupe est parvenu à un accord avec les autorités pour céder, à condition que soit diffusée une déclaration condamnant le soutien de l’Amérique à Israël dans la guerre d’octobre.
Cependant, l’accord a été suivi d’un raid des commandos libanais, qui se sont introduit dans la banque le matin du 19 octobre, tuant le chef du groupe – Ali Shouaib – et un autre militant.
L’un des deux tireurs restants avait été grièvement blessé et l’autre s’était rendu.
Outre les militants, un policier et un otage américain sont morts à la fin du raid, ce dernier ayant été tué par les guérilleros.
Le siège de la Bank of America était considéré à l’époque comme la première opération du genre au Liban et dans la région. Elle avait duré une totale de 26 heures.
3 ans plus tard, pendant la guerre civile libanaise, une autre banque de Beyrouth avait été prise pour cible pour un cambriolage complexe organisé par un groupe de militants, considéré à ce jour comme l’un des plus grands cambriolages de banque de l’histoire.