Beyrouth. Je tombe amoureuse de nouveau à chaque fois que je visite les rues de la ville.
Bien que je vive à Beyrouth, “Le Beirut” de Fayrouz me fait ressentir la ville et me ramène à ses anciennes rues, avant que la guerre ne s’éclate, et je revois Beyrouth durant les affrontements et après la réconciliation, lorsqu’elle a soigné ses blessures et s’est prospéré de nouveau.
Je me rend compte maintenant que Beyrouth n’est pas la ville la plus éblouissante au monde selon certains critères, ni l’endroit le plus beau au Liban pour être plus précis.
Toutefois, son air intime, sa culture et son héritage me rendent poétique. Allant de Oprah House à Riad Solh jusqu’à Beit Beirut à Achrafieh, ces bâtiments, qui tiennent à peine debout, sont ceux qui caractérisent Beyrouth.
Un autre bâtiment apprécié par les Libanais ainsi que les touristes, est un bâtiment qui a la forme d’un œuf situé au centre-ville de Beyrouth, près du mosquée Mohammad al-Amin et de l’église Azariyeh.
L’Œuf ou le dôme est un plan d’architecture urbaine d’un centre commercial qui aurait dû être le premier de son genre au Moyen-Orient.
Selon Daniel Springer, un architecte basé à Berlin qui est intéressé par le potentiel de cette construction incomplète, “l’Œuf a été bâti dans le cadre d’un projet qui regroupe des bâtiments modernes en 1965, conçus par l’architecte libanais Joseph Philippe Karam (1923-1976)”.
Cet ensemble aurait dû être le Centre-ville de Beyrouth, un complexe polyvalent qui se concentrerait principalement sur la création de deux programmes : des espaces de loisirs (centre commercial et cinéma) et des espaces de bureaux.
Si on jette un coup d’œil sur les plans de projet initial conçus par Karam, l’œuf est plus ou moins une partie discrète de l’ensemble des bâtiments, formé par deux gratte-ciel et d’une coquille sous forme d’œuf qui sort d’une large colonne supportée par des plinthes.
Le bâtiment était censé être le premier grand centre commercial au Liban qui comporte des escaliers mécaniques, un magazin Maatouk connu pour la production de chips et un Samadi sweets connu pour ses knefes libanaises succulentes.
Toutefois, le Centre-ville n’a jamais vu le jour. Durant la guerre civile libanaise, l’Œuf a été utilisé comme une ligne de contact entre Bechara Al Khoury et la place Dabbas (connue aujourd’hui pas Rue de Damas), ce qui a détruit le bâtiment.
Après la fin de la guerre, la société de capitaux Solidere a été tenue responsable de l’Œuf comme partie de son plan de reconstruction du centre-ville de Beyrouth.
Solidere a décidé de conserver le bâtiment tel qu’il est et de l’inscrire sur une liste d’inventaire en raison de sa valeur géométrique étrange mais précieuse.
Les tireurs ont utilisé l’Œuf pour se cacher pendant qu’ils tiraient sur l’église arménienne de la place Dabbas et jusqu’à l’église Tabariz et Mar Maroun.
Beaucoup de promesses ont circulé autour de la rénovation de l’Œuf, mais personne n’a vraiment réalisé le projet.
Aujourd’hui, l’Œuf a revu le jour grâce à la révolution libanaise. Chaque soir, avec la musique et les lumières qui en retentissent, les manifestants se rassemblent pour transformer leur révolte en une célébration d’espoir.